par Charles Demoulin
1 juillet 2025
Les vacances sont là. Pas pour tout le monde, il est vrai. Mais avec de telles chaleurs, même quand on ne prépare pas encore ses valises, on aime après journée trouver un petit coin d’ombre pour, dans un transat, s’offrir un bon moment de lecture. Et à ce propos, voici quelques BD qui devraient vous séduire.
‘Albertine a disparu’, de François Vignolle, Vincent guerrier et Vincenzo Bizzarri chez Glénat
Dans son bureau où il sue à grosses gouttes, Gilles Poulain est suspendu à son téléphone. Maire du petit village de Courteville, il s’enquiert de la santé des plus fragiles durant la canicule. Sans parler qu’à la chaleur suffocante s’ajoute le Covid. Un nom lui revient en mémoire, celui de la doyenne du village, Albertine Buisson, 99 ans.
Comment se porte la vieille dame ? Cela fait longtemps qu’il ne l’a pas vue et, de toute évidence, il n’est pas le seul… Ses voisines, tout aussi âgées, ne lui rendent plus visite et les badauds que M. le maire interroge répondent tous : « Pas vue dans le coin. » Quant à Roselyne, la coiffeuse, elle ne se soucie guère de sa belle-mère. Heureusement que son fils Christian lui apporte à manger tous les samedis.
Mais alors, pourquoi le portail de la maison reste-t-il toujours fermé ? Le zèle de Gilles finit par agacer les conseillers municipaux : « Il devrait plutôt s’occuper du couple de Parisiens fraîchement débarqué ». Mais Gilles tient à son rôle de maire, son devoir citoyen. Albertine ne peut pas s’être volatilisée. Ce qui commence comme une simple enquête de voisinage prend une tournure inattendue. Entre mystère, investigation et culpabilité, le réveil sera brutal pour les habitants du village.
François Vignolle et Vincent Guerrier signent un polar social et déroutant, inspiré d’une histoire vraie, et qui nous interroge sur notre rapport à la vieillesse et la mort. Un roman graphique dont le dessin expressif de Vincenzo Bizzarri rend les silences presque aussi parlants que les dialogues, dressant un portrait intime du monde rural auquel on prête volontiers des valeurs de proximité et de solidarité… Mais au fond, la question demeure la même qu’en ville : que faire de nos vieux ?
‘Agrippine – Le sang céleste’, de Blengino, Ali et Iozza chez Delcourt
An 19 après J.-C. : Auguste, premier empereur de Rome, meurt après 44 ans de règne. Son successeur désigné est son gendre Tibère, mais la ville tout entière n’a d’yeux que pour le jeune et vaillant général César Germanicus cantonné en Germanie avec ses légions.
Lorsque lui aussi meurt empoisonné pendant un voyage en Orient, une guerre sans merci éclate entre deux puissants clans rivaux. D’un côté, la famille de l’empereur, de l’autre, celle de Germanicus, la Gens Iulia, qui se prétend d’origine divine.
Agrippine Majeure, la veuve du grand général, veut le trône pour un de ses trois fils. Elle est prête à tout pour arriver ses fins. Pendant que sur l’île de Capri Tibère s’isole dans son palais et abandonne Rome à son brutal préfet Séjan, Agrippine, la fille aînée de Germanicus, grandit au milieu des trahisons familiales et des complots politiques.
Et puis, parce que son frère Caligula est obsédé par l’idée de l’épouser pour perpétuer sa lignée céleste, elle accepte à 14 ans de devenir la femme du répugnant tribun Lucius Ahenobarbus…
Venant prendre place dans la série ‘Les Reines de sang’, voici l’histoire d’une jeune femme bien décidée à ne pas laisser les hommes décider de son destin.
Premier volet de la trilogie consacrée à l’une des souveraines les plus redoutables qu’ait jamais connu la Rome antique, cette série est prévue en trois tomes. Le deuxième paraîtra en septembre 2025 et le troisième en janvier 2026. Deux ouvrages attendus avec impatience, tant ce premier tome percute et passionne.
‘La Vallée du vivant’, de Fabien Rodhain et Alicia Grande chez Grand Angle
Juliette, 35 ans, est publicitaire à Paris, où elle vit avec son compagnon, Thomas. Depuis quelque temps, elle se sent déprimée par la vacuité de son travail et angoissée par le désastre écologique qui approche. Son destin bascule lorsque son père décède quelque temps seulement après sa mère.
En vidant la maison familiale, Juliette tombe sur un journal écrit de la main de son père, et découvre qu’il cachait bien des secrets. Déterminée à percer le mystère, elle quitte la capitale et mène son enquête jusqu’à la ville de Die, au cœur de la vallée de la Drôme. Un territoire tourné vers l’écologie, qui va lui offrir une autre façon d’appréhender le monde et va changer sa vie.
Un conte écologique et initiatique au cœur de la vallée de la Drôme, un coin de France où l’on constate que le vivre ensemble garde son sens. Et puis, au-delà, il y a ce plaisir d’un petit voyage touristique à travers une région où il fait bon vivre.
‘Sherlock Holmes contre Arsène Lupin – La quête d’éternité’, de Roger Vidal & Denis-Pierre Filippi au Lombard
Sous ce titre, vous allez découvrir le premier opus d’une saga que les auteurs, Roger Vidal et Denis-Pierre Filippi, consacrent à un duel épique entre ces deux personnages issus de l’imagination féconde de Sir Arthur Conan Doyle pour l’un, et celle de Maurice Blanc, pour l’autre.
Deux génies, deux méthodes, une confrontation explosive. Sherlock Holmes, le détective logique et implacable, et Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur audacieux, se retrouvent face à face dans une course effrénée.
À travers mystères et trahisons, les deux rivaux sont contraints de s’allier pour suivre la trace d’une organisation se réclamant de Moriarty. Entre l’intelligence froide de Holmes et l’ingéniosité flamboyante de Lupin, qui sortira vainqueur de ce duel où chaque geste, chaque mot, chaque coup est un défi lancé à l’autre ?
Force est de reconnaître que ce premier volet, où le crayon d’un réalisme inouï de Roger Vidal, bien aidé en cela par le choix de ses coloris, mais aussi par ceux de Léa Chrétien, laisse augurer de lendemains qui chantent pour cette nouvelle saga. Au-delà, la collaboration ‘forcée’ entre Lupin et Holmes s’impose comme une incroyable réussite. Le type de série dont on attend la suite avec une impatience non dissimulée.
‘Tête de Chien, livre 3’, de Vincent Brugeas, Roman Toulhoat et Yoann Guillo chez Dargaud
Le château du père de Jehan n’est plus qu’à quelques lieues. Pour nos héros, c’est l’heure de se dire au revoir. Lancelin et Maïeul doivent rentrer chez eux, le cœur lourd. Mais, depuis des semaines, Gaucher et ses compagnons n’attendaient que cela : que leurs ennemis se séparent afin de les battre les uns après les autres.
Ainsi, alors que Lancelin et Maïeul viennent de quitter nos héros, Gaucher et ses hommes passent à l’attaque. Le félon entend bien se venger du Noirci qui lui a fait tant de mal. C’est sans compter sur le courage et la ruse de Lancelin. Bientôt, Josselin et Jehan, prévenus par Maïeul, récupèrent un Lancelin grièvement blessé. Gaucher, lui, n’a pas dit son dernier mot. Il s’est trouvé un nouvel allié de circonstance, un brigand qui se prétend chevalier, sous le nom de Renart. Avec son aide, il traque nos héros sans relâche.
Le château de son père est encore trop loin. Jehan se résout à y envoyer Paulin et Maïeul, pour le prévenir. Pendant ce temps, elle et Josselin transportent un Lancelin moribond au Nid d’aigle : la demeure toute proche d’un oncle misanthrope qu’elle n’a jamais vu… Une rencontre qui va changer sa vie.
Dans ce troisième volume, Vincent Brugeas tisse une intrigue toujours plus captivante, portée par le dessin épique de Ronan Toulhoat et les couleurs éclatantes de Yoann Guillo. Préparez-vous à une aventure médiévale où l’humour, les rebondissements et les secrets rythment chaque page ! Et puis qu’est-ce qu’on adore les dessins de Ronan Toulhoat ! C’est d’une puissance et d’une expressivité intenses. Une mise en exergue incroyable du scénario.
‘Libres d’obéir’, de Johann Chapoutot et Philippe Girard chez Casterman
En 2020, l’historien spécialiste du nazisme Johann Chapoutot publie ‘Libres d’obéir’, dans lequel il retrace comment Reinhard Höhn, juriste et général SS, a influencé la pensée managériale d’après-guerre à nos jours en prônant l’autonomie sous contrôle.
Libres d’obéir ou comment le management moderne trouve certaines de ses racines dans l’organisation nazie. Les auteurs racontent comment Reinhard Höhn, ancien juriste du IIIᵉ Reich, a influencé la pensée managériale en prônant l’autonomie sous contrôle, de l’après-guerre jusqu’à nos jours.
Dans cette adaptation, a été ajouté le récit de deux femmes cadres, soumises à la pression managériale, mettant en scène les conséquences concrètes de cette idéologie dans le monde professionnel actuel. Une réflexion aussi dérangeante que nécessaire.
‘Une histoire corse’, de Dodo et Glen Chapron chez Glénat
Comme tous les étés, Catherine passe ses vacances dans la maison familiale en Corse. Surprise un soir par l’un de ces orages dont seule l’île de Beauté a le secret, elle trouve refuge dans la voiture d’Antoine. Après une rapide discussion, elle découvre que ce charmant inconnu n’est autre que son demi-frère caché !
Dans la grande tradition de l’omerta corse, l’existence de ce frère lui a été dissimulée depuis plus de 20 ans. Antoine savait et Catherine cherche à comprendre. Alors qu’ils décident de rattraper le temps perdu, ils exhument peu à peu d’autres secrets de famille. Mais certains feraient peut-être mieux de rester enfouis…
Dodo, Corse d’origine, s’inspire de ses souvenirs d’enfance et des archétypes locaux que sont l’omerta, la vendetta, le clanisme ou le nationalisme, pour raconter une tragédie familiale typiquement corse.
Un récit doux-amer sur les destins brisés et les liens à reconstruire, magnifié par le dessin tout en subtilité et en douceur dans le trait de Glen Chapron. Une histoire qui alterne moments présents et nombreux flashbacks. Une histoire qui ne devrait laisser personne indifférent.
‘Calamity Jane – Le feu’, d’Adeline Avril chez Delcourt
Avant d’être la figure féminine du western que tout le monde connaît, Calamity Jane fut d’abord une enfant parmi d’autres enfants, dans un monde d’adultes qui ne les protègent pas assez de leurs propres turpitudes.
Quand son père annonce qu’il va partir quelques jours pour préparer un futur et nouveau d’emménagement dans l’Utah, Jane se retrouve démunie, avec ses frères et sœurs à charge. Il est temps pour notre héroïne de se retrousser les manches et de trouver du travail. Ce qui n’est pas chose facile à onze ans, dans un monde de cow-boys, où la place des femmes est plutôt à la maison…
Et maintenant qu’on la surnomme ‘la calamité’, Jane vous demande de vous accrocher à vos bretelles, car ça va chauffer. Et c’est drôlement vrai qu’à partir de cette fin de série dédiée à sa jeunesse, les choses sérieuses vont commencer pour Martha Jane Cannary, alias Calamity Jane.
Ce troisième opus, marque la fin des aventures d’une Calamity encore enfant. Une façon nouvelle aussi et très sensible de découvrir ce que fut l’enfance de ce mythe du western.
Quel contraste entre la terrible légende de Calamity Jane et le dessin tendre et les coloris pastel que lui offre Adeline Avril… dans sa version jeunesse il est vrai.
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