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Caroline de Mulder rencontre son public luxembourgeois

par Victoria Lecointe

28 octobre 2024

Le 18 octobre dernier était l‘occasion d’une rencontre, celle d’une autrice et de son public, mais aussi celle d’une société et de son passé.

Une page de l’Histoire

Au sein de l’abbaye de Neimënster, dans un décor rendant hommage au genre littéraire de la Pouponnière d’Himmler, Caroline de Mulder est venue parler de son roman, guidée par les questions pertinentes de William Irigoyen, journaliste et présentateur français. 

Introduisant l’histoire par un extrait, Caroline de Mulder lit la tonte de la jeune Renée, française punie d’avoir aimé l’ennemi durant la seconde guerre mondiale. La diction, l’intonation, les pauses, tout y est pour faire ressentir à l’auditoire, d’entrée de jeu, l’ambiance pesante de ce roman: les Lebensborn, ces maternités créées par les nazis où se retrouvaient femmes de SS et enfants enlevés. L’exact opposé des camps de la mort, souligne l’autrice, où l’on supprimait le mauvais, tandis que ce projet visait à générer le “bon”.

Une ambiance qui, contrairement à l’œuvre littéraire passée de Caroline de Mulder, n’a rien d’imaginaire, car il s’agit bien là de l’Histoire. Des personnages réels se sont d’ailleurs glissés dans son ouvrage : Himmler bien sûr, mais aussi le Dr Ebner qui était à la tête du projet Lebensborn. Moins connu, le petit Jürgen, un bébé comme tant d’autres, jugé dysfonctionnel à la naissance, éliminé par le personnel médical. L’autrice en a retrouvé la trace, au fil de ses recherches. “J’avais envie de le citer, de lui donner un rôle dans ce livre”, dit-elle. 

Il y a donc Renée, Marek, prisonnier de guerre, mais surtout Schwester Helga, infirmière du Lebersborn où se déroule l’intrigue, son personnage préféré, selon l’aveu de Caroline de Mulder. Probablement parce qu’il représente le cœur de ce qu’elle a voulu mettre en lumière dans ce roman: pourquoi, comment des gens normaux, pas plus immoraux ou mauvais que d’autres, sont devenus des éléments fonctionnels de ce programme de l’horreur?

Pour apporter sa pierre à l’édifice, elle a voulu se placer du côté des femmes, dans cet univers nazi. Quel était leur rôle, comment se sont-elles retrouvées là? Qu’attendait-on d’elles? Comment l’ont-elles vécu? Et nous? Que ferions-nous? 

Recherches et vérités

Caroline de Mulder le dit, elle n’a pas la réponse à cette question qui nous hante : “savaient-ils?”. C’est pourtant un travail de recherche solide qu’elle a dû effectuer pour écrire ce roman, jusqu’à suivre les traces d’enfants perdus, comme le petit Jürgen. Un travail d’autant plus laborieux que très peu de documents sont traduits en français ou en anglais. Paradoxe notable avec le fait que cet ouvrage, bientôt traduit dans 13 langues, ne le sera pas en allemand, ni en Norvégien, deuxième pays pourtant, à abriter le plus grand nombre de ces maternités Lebensborn. 

Et c’est pour cela, que l‘on n’a pas fini d’en parler, de ces sujets dont on semble parfois nous rebattre les oreilles: parce qu’ils continuent d’exercer curiosité et incompréhension, secret et honte. Inquiétude également, lorsque l’assistance, au cours des questions à l’autrice, fait le parallèle avec des éléments d’actualité.

Caroline de Mulder, elle aussi, continue de s’étonner: “on se croirait dans une dystopie”. William Irigoyen mentionne la Servante Écarlate, ces corps féminins utilisés pour de sombres desseins. Non, pas de fiction ici, ce n’était que l’imagination noire de l’être humain poussée à l’extrême. Si la page de l’Histoire est tournée, reste à se demander si la noirceur de l’Homme s’en est allée avec. 

Secrets d’écrivain

Sur l’écriture, sur le genre historique qui diffère de ses précédents ouvrages, sur le langage particulier qu’elle a dû utiliser pour celui-ci, les thématiques communes à son œuvre, jusqu’au titre qui lui a été imposé par la maison d’édition, Caroline de Mulder livre des éléments de l’écrivain qui ne seront pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Et surtout pas cette information intéressante : il semblerait qu’un nouveau roman soit en cours d’écriture, sur le survivalisme. 

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