« Il y a des silences qui en disent long comme il y a des paroles qui ne signifient rien. »

Édith Piaf

Légende de la chanson, un mythe vit le jour autour de sa naissance. Née Édith Giovanna Gassion le 19 décembre 1915 à Paris, une plaque indique qu’elle aurait poussé ses premiers cris sur les marches du 72, rue de Belleville. Cependant, il semblerait que ce soit à l’Hôpital Tenon que la chanteuse Annetta Maillard, dite Line Marsa, ait accouché de l’enfant.

UNE ENFANCE BOUSCULÉE

Abandonnée dès sa naissance par sa mère, son père réquisitionné, elle est confiée à sa grand-mère maternelle. La guerre terminée, Louis Gassion, acrobate de rue, récupère sa fille, mais ne tarde pas à la remettre aux soins de sa propre mère. À la tête d’une maison close, elle s’occupe de la petite Édith qui souffre d’une kératite aigüe. Multipliant les prières à sainte Thérèse de Lisieux, elle recouvre la vue.

La profession de sa grand-mère étant blâmée, son père la prend en charge. Dans la rue, à la fin des acrobaties de ce dernier, elle fait la quête. À 15 ans, elle mène sa propre vie, produit ses premiers spectacles de rue avec son amie Simone et découvre la vie nocturne.

UN DRAME INSURMONTABLE

Le 11 février 1933, elle met au monde Marcelle, fruit de ses amours avec Louis Dupont. Pour joindre les deux bouts, elle est contrainte d’emmener la fillette lors de ses représentations. Malheureusement, le 7 juillet 1935, elle vit le plus grand drame de sa vie : son unique fille décède des suites d’une méningite tuberculeuse.

UN SUCCÈS ENTACHÉ

Quelques mois plus tard, le destin frappe à sa porte : Louis Lepée, directeur du cabaret parisien ‘Le Gerny’s’, la repère, l’engage et la baptise ‘la Môme Piaf ’. Le soir de la première, elle rencontre le succès. Le découvreur de talents pour Polydor, Jacques Canetti, la signe. En décembre 1935, elle enregistre sa première chanson ‘Les Mômes de la Cloche’. Mais le 6 avril 1936, Louis Lepée, celui à qui elle doit tout, est assassiné. Le destin semble une nouvelle fois s’acharner et ce n’est pas terminé.

UNE ROMANCE INSPIRANTE

Grâce à Raymond Asso, elle sort son second titre ‘Mon légionnaire’ et fait ses débuts en tant qu’actrice même si elle doute de ses capacités d’interprétation. En 1944, elle tombe sous le charme du jeune Yves Montand à qui elle apprend les ficelles du métier. Leur idylle dure presque deux ans et serait même à l’origine de l’un des chefs-d’œuvre de la chanteuse écrit sur un cahier d’école : ‘La vie en rose’.

LE SEUL ET L’UNIQUE

Après l’occupation, elle part en tournée, notamment en Allemagne, avec les Compagnons de la chanson. Ensemble, ils interprètent le titre ‘Les trois cloches’. Visionnaire, elle promet à ses protégés qu’ils se produiront à New York. En octobre 1947, cette prédiction se produit puisqu’ils se retrouvent tous pour embarquer à bord du Queen Elisabeth.

Lors de cette tournée, le 12 mars 1948, la Môme assiste à l’affrontement Cerdan-Roach au Madison Square Garden et tombe sous le charme du boxeur français. Bien qu’il soit marié et père de famille, les deux amants ne se quittent plus : elle assiste à tous ses combats, notamment celui où il décroche le titre de champion du monde poids moyens le 21 septembre 1948 ; lui, est présent dans la salle lors de chacun de ses concerts.

Le 14 septembre 1949, le public new-yorkais du cabaret ‘Versailles’ entend pour la première fois ‘L’hymne à l’amour’ que lui a inspiré Marcel. Personne ne se doute alors que ces paroles sont prémonitoires : le 28 octobre 1949, l’avion qui aurait dû leur permettre de se retrouver s’écrase au large des Açores. Inconsolable, pleine de culpabilité – car c’est à sa demande qu’il avait embarqué – elle se noie dans l’alcool et les médicaments.

LA VIE SANS LUI

En 1950, un certain Charles Aznavour devient son secrétaire. Un an après, elle renonce à retourner aux États-Unis afin d’incarner la Petite Lili pour les besoins d’une comédie musicale jouée sur la scène de l’A.B.C.

Le temps semble panser ses blessures et le 20 septembre 1952, elle épouse à New York le chanteur Jacques Pills. Elle est la vedette du ‘Versailles’, lui du cabaret ‘La vie en rose’. En voyageant à travers l’Amérique, c’est le début d’une nouvelle vie. Elle enchaîne les aller-retour entre son pays natal et son pays d’adoption. La chance semble enfin avoir tourné. Mais le 19 décembre 1955, même si elle fête ses 40 ans aux côtés de son mari, ce sera leur dernière apparition ensemble puisque le divorce est prononcé quelques mois plus tard.

Le 4 janvier 1956, c’est la consécration lorsque sa performance au ‘Carnegie Hall’ se termine par une standing ovation. Du haut de ses 1 mètre 47, elle a réussi à conquérir les cœurs. Entre l’Olympia et ses tournées américaines, Georges Moustaki lui écrit ‘Milord’.

LES PEINES DE CŒUR

Victime de problèmes de santé, en mars 1958, elle se fait opérer à l’hôpital George-Washington et son nouvel amour, l’artiste Douglas Davis, reste à son chevet. Tandis qu’elle enchaîne les galas, sa santé se détériore : elle est à nouveau hospitalisée.

En convalescence, le 5 octobre 1960, elle accepte de recevoir Charles Dumont. Celui-ci lui présente le titre ‘Non, je ne regrette rien’ : pour elle, c’est le succès mondial assuré. Cette chanson, c’est sa résurrection.

Abusant de la cortisone et de nombreux médicaments, elle séjourne à l’hôpital de Neuilly. Cette fois, c’est un autre prétendant, de 21 ans son cadet, qui lui tient la main : Théo Sarapo. Ensemble, ils partent en tournée, elle fait de lui une vedette américaine avant de l’épouser le 9 octobre 1962.

Pour leur premier anniversaire de mariage, en tournage à Paris, il envoie des roses à son épouse restée à Grasse. Mais le lendemain, dans ce joli mas provençal, ‘Dieu réunit ceux qui s’aiment’ puisqu’elle décède des suites d’une hémorragie interne. Elle est enterrée au cimetière du Père-Lachaise.

ANECDOTES

À Hollywood, très amie avec l’actrice Ginger Rogers, c’est lors d’un séjour dans la villa de la star américaine qu’Édith Piaf apprend à nager. Entourée de ses amis, suivant les conseils de ces derniers, elle enchaîne les longueurs non sans leur donner quelques frayeurs puisqu’ils pensent à plusieurs reprises qu’elle est en train de se noyer.

BIOGRAPHIE

• 19 décembre 1915 : naissance à Paris.
• 1935 : repérée dans la rue par Louis Lepée, directeur d’un cabaret parisien.
• 7 juillet 1935 : décès de sa fille unique Marcelle Dupont.
• 1944-1946 : idylle avec Yves Montand.
• Mai 1945 : écrit et compose ‘La vie en rose’.
• 14 septembre 1949 : interprète pour la première fois ‘L’hymne à l’amour’ au cabaret ‘Versailles’ à New York.
• 28 octobre 1949 : décès tragique du boxeur Marcel Cerdan.
• 29 juillet 1952 : épouse le chanteur français Jacques Pills à New York.
• 9 octobre 1962: épouse Théo Sarapo à Paris.
• 10 octobre 1963 : décès à Grasse.