par Jane Doe
6 octobre 2021
Sommité internationale dans les maladies tuberculeuses et pulmonaires, volontaire et unique femme-médecin durant la Première Guerre mondiale, elle militera pour les droits civils et militaires des femmes, avant de s’éteindre à 40 ans.
Nicole Mangin naît à Paris le 11 octobre 1878, dans une famille de commerçants meusiens. Après une licence en sciences naturelles, elle entame à 18 ans des études de médecine à Paris, qu’elle interrompt après sa rencontre et son mariage à 21 ans avec André Girard, un exploitant viticole de Champagne, dont elle aura un fils.
Médecin-chercheuse
Elle abandonne la médecine pour travailler avec son mari dans leur exploitation champenoise. Elle divorce quatre ans plus tard, puis retourne à ses études, qu’elle termine par une thèse sur les poisons cancéreux, à 28 ans. Spécialisée en prophylaxie antituberculeuse, Nicole se lance dans la recherche sur la tuberculose et le cancer, enseigne à la Sorbonne, et devient une sommité internationalement reconnue dans les maladies tuberculeuses et pulmonaires. Elle dirige à 36 ans le dispensaire anti-tuberculeux de l’Hôpital Beaujon, situé alors à Paris, qui servira d’hôpital militaire durant la Grande Guerre.
Volontaire sur le front
Lorsque le conflit mondial éclate, Nicole se porte volontaire. L’administration oublie de vérifier son état-civil et l’affecte à l’hôpital thermal de Bourbonne-les-Bains (Haute Marne). Malgré les réticences de son médecin-chef, qui découvre qu’elle est une femme, elle est maintenue à son poste. On lui crée un uniforme de médecin militaire féminin sur le modèle des doctoresses de l’armée britannique.
Nicole est alors envoyée à Verdun pour combattre le typhus et soigner les malades et les blessés du front. Elle est ensuite mutée dans la Somme, dans le Pas-de-Calais, puis à Ypres en Belgique. En décembre 1916, elle est enfin promue médecin-major, non sans difficultés avec l’administration militaire, qui la rémunère comme infirmier de deuxième classe ! La Grande Muette ne lui décernera ni médailles ni citations.
Militante suffragette
Elle est alors nommée à la direction de l’hôpital Edith Cavell de Paris, avec pour mission de former rapidement des infirmières militaires professionnelles, pour pallier l’insuffisance des professionnelles de santé sur le front.
Après-guerre, Nicole collabore avec la Croix-Rouge américaine pour la lutte anti-tuberculose et participe à la création de la Ligue nationale contre le cancer. Elle donne des conférences sur le rôle des femmes durant la Grande Guerre. Suite à ses démêlées avec l’Armée, elle rejoint l’Union des femmes françaises, une association féministe qui milite notamment pour le vote des femmes, et donne des conférences sur le rôle de ces dernières durant la guerre. Victime de surmenage, Nicole est retrouvée morte à son domicile, se sachant atteinte d’un cancer, l’hypothèse d’un suicide par surdose médicamenteuse a été évoquée. Elle avait 40 ans.
ANECDOTE
Les Poilus lui décernent une plaque commémorative en remerciement des services prodigués au front : « Glorieux-Vadelaincourt – 1914-1916, ceux qui lui doivent la santé, ceux qui lui doivent la vie ».
BIOGRAPHIE
11 octobre 1878 : naissance à Paris
1913 : « Essai sur l’hygiène et la prophylaxie antituberculeuses au début du XXe siècle »
1914 – 1916 : volontaire, mobilisée comme médecin-cheffe, elle soigne et opère les soldats sur le front.
Décembre 1916 : promue médecin-major, elle dirige l’hôpital Edith Cavell (Paris)
Après-guerre : elle milite pour le vote des femmes
6 juin 1919 : décès à Paris
CITATION: « Je dois à mes caducées et mes brisques1 le prestige qu’il m’a fallu parfois auprès des ignorants et des sots. »
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