par Jane Doe
5 mai 2021
Pionnière du journalisme d’investigation, engagée, voyageuse, écrivaine, cheffe d’entreprise, elle s’est battue avec sa plume, en immersion, sur le terrain, pour dénoncer les conditions de vie des plus démunis, et prouver que les femmes pouvaient faire aussi bien, voire mieux, que les hommes.
De son vrai nom, Elizabeth Jane Cochran, elle naît le 5 mai 1864 à Cochran’s Mills (États-Unis). Son père Michael, propriétaire terrien et juge, meurt alors qu’elle a 6 ans. Il laisse, à ses 15 enfants (dont 10 d’un premier mariage) et à sa femme Mary Jane, des dettes, mais aucun testament. Cette dernière ne possède pas de droit de propriété écrit sur les biens fonciers de son mari. La famille sera expulsée. Elizabeth se destine à devenir institutrice. Mais elle doit rapidement abandonner ses études, faute d’argent. En 1880, la famille s’installe alors à Pittsburgh, où elle aide sa mère à gérer un pensionnat.
Révoltée contre le sexisme ordinaire
Elle écrit déjà des poèmes et des histoires. En janvier 1885, un article du journal local, le Pittsburgh Dispatch, la révolte. Intitulé « Ce à quoi sont bonnes les jeunes filles », il condamne celles qui délaissent le foyer et les tâches ménagères pour les études. Il compare les femmes qui travaillent à des « monstruosités ».
Elizabeth envoie alors au rédacteur en chef George Madden une lettre qui fustige ces propos et qu’elle signe l’Orpheline solitaire (Lonely orphan girl). Ce dernier publie le texte et l’engage comme journaliste. Il lui suggère aussi de signer sous le pseudonyme de Nellie Bly.
Pionnière du journalisme d’investigation
Dans ses premiers articles, elle milite pour le droit des femmes et contre les idées sexistes de l’époque. Elle effectue ses premières enquêtes sur le monde ouvrier, en se faisant engager dans des usines, pour y vivre et voir de ses propres yeux la dureté et la dangerosité des conditions de travail des femmes. Son reportage dans une fabrique de conserves remporte un vif succès. Mais ses papiers dérangent ; elle est rapidement affectée aux pages culturelles et jardinage du journal.
En 1886, elle est envoyée au Mexique pour une série de reportages. Elle y brosse un portrait critique de la vie quotidienne, des mœurs et des coutumes du pays. Elle est alors expulsée de Mexico.
En 1887, elle part pour New York. Joseph Pulitzer, le rédacteur en chef du New York World promet de l’engager si elle parvient à infiltrer le Blackwells Island Hospital, l’asile psychiatrique pour femmes. Elle se fait passer pour malade et y est internée durant 10 jours. Son reportage dévoile les conditions des patientes et les méthodes utilisées (nourriture avariée, eau souillée, violence physique…). Il fait scandale. Il amènera des changements radicaux dans le système de santé américain.
Globetrotteuse à l’égale des hommes
Sur sa lancée, Bly poursuit ses enquêtes sous couverture, dans les prisons et les usines de l’État de New York. Elle y décrit les mauvais traitements, la corruption et les malversations.
Elle publie également des interviews de personnalités comme la féministe libertaire russe Emma Goldman ou la militante américaine des droits civiques Susan B. Anthony.
En novembre 1889, elle entreprend un tour du monde sur les traces de Phileas Fogg le héros du Tour du monde en 80 jours de Jules Verne. Elle bat ce record fictif en 72 jours, et démontre ainsi que les femmes sont capables d’accomplir de tels exploits… seules et sans l’aide des hommes.
Cheffe d’entreprise sociale
En 1895, elle épouse l’industriel et millionnaire Robert Seaman, et s’éloigne du journalisme. Quand il meurt en 1904, elle prend la direction de son entreprise de bidons métalliques laitiers. Elle fait breveter le bidon de 55 gallons encore utilisé aujourd’hui. Elle instaure des mesures sociales dans ses usines : salaire journalier, salles de gymnastique, centres de loisirs et de santé, bibliothèques. Celles-ci grèvent les finances du groupe, qui sera vendu en février 1914.
Correspondante de guerre et militante féministe
Fuyant les créanciers, elle part pour l’Angleterre. Durant le premier conflit mondial, elle est correspondante de guerre pour le New York Evening Journal, sous le nom de Nellie Bly. De retour à New York, elle reprend ses articles sur le monde ouvrier, sur l’enfance et milite pour le droit des femmes. Elle meurt en janvier 1922 à New York, des suites d’une pneumonie. Elle avait 57 ans.
Le pseudonyme Nellie Bly, est tiré d’une chanson de Stephen Foster Nelly Bly (1850).
En janvier 1890, pour célébrer son tour du monde, le New York World publie un jeu de l’oie en son honneur.
Son tour du monde a duré 72 jours, 6 heures, 11 minutes et 14 secondes. Durant ce périple de 40.070 kilomètres, elle fait étape à Amiens pour y rencontrer Jules Verne et sa femme.
Nellie Bly a également publié 3 livres : Six months in Mexico (1888) ; Ten Days in a Mad-House (1887), sous le pseudonyme de L. Munro -ce dernier sera traduit en français (10 jours dans un asile), et adapté en 2015 au cinéma par Timothy Hines (Nellie Bly est interprétée par Caroline Barry) ; et Around the World in Seventy-Two Days (1890)
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