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Le Baby Blues mythe ou réalité ?

par Sophie Pilcer

14 mars 2020

 » Mon enfant est né il y a huit jours. Je l’ai tellement attendu! Son papa est fou de bonheur. L’enfant est magnifique, tout le monde s’extasie sur ce merveilleux petit bonhomme… Je devrais être heureuse, me réjouir et pourtant je passe mon temps à pleurer, je suis submergée par un chagrin immense que je ne comprends pas. Je m’en veux tellement, j’ai honte… J’essaie de cacher ma peine mais je n’y arrive pas. Le désespoir est trop immense. Que se passe-t-il en moi? Je ne comprends pas… J’ai besoin d’aide. »

Quelle femme n’a pas ressenti une classique déprime les jours qui ont suivi l’accouchement? Le blues de la young mother ! Un passage obligé, une fatalité, un chamboulement hormonal ou bien un état induit par tout l’entourage qui n’a cessé de vous prédire cet état de mélancolie post-partum ? Certes la jeune parturiente est aussi blessée dans son corps et souvent angoissée par ce nouvel état de mère.

Nombreuses explications psy lient la question de sa maternité à celle de sa propre mère. Une difficile construction de soi en tant que mère: le sentiment de ne pas pouvoir être à la hauteur ou la peur de ne plus être l’enfant de ses parents… Toutes ces questions ne doivent pas être éludées et parfois même traitées en psychothérapie. Mais l’accompagnement de notre Jano devenu père de l’enfant sera essentiel, c’est lui qui va permettre à notre Janette de devenir mère et femme. Et par lui, elle quittera la posture de petite fille de sa mère.

Et comment va-t-il s’y prendre ce cher Jano? Et bien pour une fois, la sexualité pourra prendre une place essentielle dans ce processus. Non, je n’ai pas dit que dès l’expulsion il devait fougueusement saillir sa Janette sur son lit d’hôpital! Patience et douceur seront ses guides. Attendre que l’épisiotomie soit cicatrisée, que les réveils nocturnes soient moins épuisants, que Janette ait envie de se regarder dans le miroir, qu’elle commence à quitter son informe pantalon de grossesse, celui qu’elle refusait de quitter prétextant qu’elle ne rentrerait plus jamais dans son joli skinny taille 36…

Alors j’entends déjà la classique rengaine de ces hommes impatients et lassés du pouponage conjugal:  » Quand pouvons-nous refaire l’amour ? »

Ma réponse est:  » La sexualité reprendra quand Janette en éprouvera le désir ! » Non, ce n’est pas le serpent qui se mord la queue (Faute de mieux ! Me direz vous!). Cher Jano, reprendre une sexualité, c’est d’abord retrouver une intimité de couple sans bébé, c’est pouvoir regarder une femme et surtout l’aider dans le chemin de sa féminité à reconstruire. Votre regard, vos mots sont indispensables. Vos caresses non directes sont essentielles pour qu’elle puisse retrouver plaisir et sensualité. Quand je dis caresses indirectes, c’est tout simplement lutter contre votre irrépressible envie de lui malaxer les seins ou de palper son sexe comme un bonobo découvrant une nouvelle femelle. Petit rappel : la femme n’est pas la vulve!

Le scénario est surtout de ne pas oublier que les préliminaires ne démarrent pas dans le lit avec des stimulations de 5 minutes, mais demandent de remettre en place des moments de séduction, de regards, de conquête… On s’habille, on se prépare pour séduire sa Janette, on lui parle, on la regarde, on n’oublie pas les doux mots d’amour et compliments appropriés évidemment (lui dire après l’accouchement qu’elle a une taille de guêpe est ce qu’on appelle un compliment inapproprié qui risque fort de faire flop).

La poursuite du lien amoureux et sensuel est essentiel dès l’arrivée de bébé. Perdre de vue que derrière papa et maman se cachent un homme aimant et une femme sensuelle accélérerait le processus de crises à venir et ne ferait qu’envenimer le blues de Janette! Et face aux angoisses et aux difficultés de junior, faire l’amour, c’est se recharger d’amour et d’énergie!

Texte par Sophie Pilcer, sexologue
Photo – Modigliani « maternité »

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